Présentation

Ce colloque international – qui a réuni des universitaires, des écrivains et des psychanalystes pour des conférences, des dialogues et des tables rondes – se proposait d’explorer de manière imaginative les mythes grecs en recourant aux méthodes rigoureuses du roman policier.

Le colloque « Critique policière et mythologie » nous a fait voyager dans le temps jusqu'à la Grèce antique, en prônant l'intemporalité et l'universalité des textes qui nous en sont parvenus. Il a réuni – à l’occasion de conférences, de dialogues et de tables rondes – des spécialistes de littérature policière, de littérature classique, de théorie littéraire, des études théâtrales et de littérature comparée, mais aussi des écrivain.es et des psychanalystes, dans la conviction que ces différentes disciplines s’enrichiraient mutuellement. 

Inspiré par la publication récente d'Œdipe n'est pas coupable de Pierre Bayard (Éditions de Minuit, 2021), fondateur de la « critique policière », il s'inscrivait dans le cadre d'un effort contemporain visant à inventer de nouvelles approches pour étudier les textes anciens. Une nouvelle approche nécessaire pour en renouveler la lecture, en transcendant l'approche muséale et en faisant de leur réception un processus créatif, dynamique et continu. 

Le colloque s’est déroulé sur trois journées. La première a été consacrée au mythe d'Œdipe et à ses relectures. Dans la deuxième ont été convoquées d'autres figures tragiques de la mythologie. Une troisième journée s’est déroulée sur le terrain, d’abord à Delphes, puis à Schiste Hodos, la célèbre bifurcation où Œdipe aurait tué Laïos et où a été examinée l’hypothèse de son innocence, défendue par plusieurs auteur.es. Un film a été tourné pour immortaliser cette reconstitution historique, la première sans doute dans l’histoire de la littérature. 

Les intervenant.e.s, armé.e.s des connaissances scientifiques de leur domaine, sont venu.e.s avant tout en qualité de lecteurs.rices et ont été invité.e.s à adopter, face aux textes antiques, le regard attentif et suspicieux d'un détective. Iels n’ont pas hésité à rechercher et à souligner les lacunes, les insuffisances, les ambiguïtés et les éléments contradictoires des textes, voire, sur la base de leurs découvertes, à les réécrire, en proposant une autre fin et en offrant une nouvelle version de l'histoire. 

Le public, quant à lui, a été invité à ne pas demeurer silencieux, mais à participer activement à l'aventure intellectuelle ouverte par ces contributions, en vérifiant la cohérence et la force de persuasion des arguments proposés, et en adoptant, dans sa propre lecture des textes anciens, un regard tout aussi critique, animé par le souci de la vérité, qui seul permet d’entretenir avec eux, au-delà du temps, une relation vivante.